« #OùestPoutou : les absents n’ont pas toujours tort ! » par Charlotte Pamart

A moins d’un mois du scrutin présidentiel, huit des douze candidats en lice, dont Emmanuel Macron, ont partagé leur vision de la guerre en Ukraine dans l’émission organisée par TF1 « La France face à la guerre ». Une soirée électorale à laquelle n’étaient pas conviés Nathalie Arthaud, Nicolas Dupont-Aignan, Jean Lassalle et Philippe Poutou, au motif des règles de temps de parole fixées par l’Arcom (ex-CSA). Tous s’en sont particulièrement émus. Philippe Poutou, en accompagnant son tweet du hashtag #OùEstPoutou, a su mobiliser des sphères extérieures à son écosystème.

Son « coup de gueule » a été massivement partagé sur la plateforme avec près de 13K mentions du hashtag entre les 14 et 16 mars, dont 8,4K ont été identifiées dans la soirée de lundi. #OùEstPoutou s’est retrouvé pendant quelques heures en tendance sur Twitter. Surtout, il figure à la quatrième position des hashtags les plus associés à l’émission de TF1, derrière #ZemmourPrésident, #MelenchonTF1 et #Macron. Trois personnalités politiques présentent sur le plateau de l’émission, qui bénéficient d’une plus grande visibilité médiatique et autour desquels gravitent les communautés parmi les plus actives et structurées de la plateforme sociale.

Evolution des mentions des hashtags #OùEstPoutou et #OuEstPoutou sur Twitter entre les 14 et 16 mars

Le succès de la récrimination de Philippe Poutou illustre la capacité de certains clusters à mobiliser des cellules de discours et – en l’occurrence – de contre-discours digitales puissantes. L’écosystème du candidat a rassemblé derrière lui une large communauté d’internautes en se plaçant dans une dynamique militante via l’utilisation d’un argumentaire volontairement polémique et circonstancié. Les principales thématiques développées ne se sont pas basées sur les idées du programme du candidat. Elles ont trait à l’absence de débat démocratique et aux récriminations contre les médias traditionnels (TF1 et l’Arcom) ; deux problématiques au cœur d’un débat public plus large en cette période d’élection présidentielle.

En maîtrisant les leviers du contre-discours, la sphère anticapitaliste a su trouver une place dans l’espace digital qu’elle n’a pas eu dans l’espace médiatique traditionnel.

Par Charlotte Pamart, Consultante senior chez Antidox