« Merci Simone » par Adélie Ranc

De la Loi Veil à la Loi Panot, quelle place pour les femmes dans les débats sur les réseaux sociaux ? #IVGDansLaConstitution

Les femmes de loi à travers les siècles

Nous sommes en 1974, trente ans après la Libération, Simone Veil, alors Ministre de la Santé de Valéry Giscard d’Estaing, prône la légalisation de l’IVG (interruption volontaire de grossesse) à l’Assemblée Nationale. Des propos haineux envers la ministre sont tenus lors des débats suivant son discours : ”barbarie, nazisme, génocide, four crématoire et tant d’autres !” – comme le rappelle le Premier Ministre Gabriel Attal.

Cinquante ans plus tard, en 2024, le recours à l’IVG et la liberté des femmes à disposer de leur corps devient un droit inaliénable, venant s’inscrire fièrement aux côtés de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789. Et pourtant, si aucun propos racistes ou misogynes ne sortent de l’Hémicycle, le débat explose sur X.

Ce lundi 4 mars, le Congrès se réunit à Versailles suite au dépôt de proposition de loi sur la constitutionnalisation de l’IVG par Mathilde Panot, députée et cheffe du mouvement du parti La France Insoumise et Mélanie Vogel, sénatrice représentante du parti européen écologiste. Sur X, les réactions sont imminentes. Bien que majoritairement positives, l’indignation des anti-choix reste très visible.

L’opposition, principalement guidée par les tenants de la droite extrémiste et conservatrice, dénonce ce qu’ils qualifient d’acte d’assassinat à l’encontre d’êtres qui ne peuvent faire entendre leur voix. Alors que les partis signataires soutiennent le féminisme, prônent la liberté des femmes.

Qui et où sont les anti-choix ?

Près de cinquante ans après l’adoption de la Loi Veil, des groupes opposants à l’IVG continuent de réinterpréter son contenu et emploient des termes innapropriés comme ici, “un génocide”. Bien que Simone Veil ait été critiquée par certains à l’époque pour ses positions, les termes utilisés alors continuent d’influencer le débat actuel.
Sur X, la parole est donnée à tous les utilisateurs, qui souhaitent donner leur avis dans un quasi anonymat car si leur nom apparaît, la confrontation, elle, n’est pas physique. Depuis le rachat de Twitter par Elon Musk en 2022 ce dernier a souhaité mettre en avant l’importance de la liberté d’expression sur ce canal.

Malgré une certaine violence de la part de l’opposition, le débat semble tranché, une écrasante majorité de l’opinion publique soutient la constitutionnalisation de l’IVG. Cependant, un fait interpelle, notamment sur les réseaux sociaux : l’absence quasi totale de références à Mathilde Panot et Mélanie Vogel. Un public majoritairement masculin exprime son point de vue sur la Loi Panot relative aux droits des femmes, mais qu’en est-il des deux femmes à l’origine de cette proposition constitutionnelle ?

La place des femmes dans un contexte de prise de position politique

Dans l’ensemble, les critiques se divisent entre celles qui sont sévères et celles qui sont tout simplement absentes. Une composition photographique mettant en scène Simone Veil et Mathilde Panot (générée par le parti LFI) suscite des réactions houleuses, tant pour son incohérence politique qu’à travers les attaques personnelles dirigées contre la députée.

Quant à Mélanie Vogel, son nom n’apparaît presque nulle part dans les médias sociaux.

Face à ce constat, deux idées émergent : une misogynie encore très présente au XXIème siècle en France. Selon une étude menée par le Haut Conseil de l’Egalité, les réseaux sociaux (et notamment X) connaissent une vague masculiniste et une croissance des comptes d’extrême droite. En effet, 33% des hommes interrogés pensent que le féminisme menace la place et le rôle des hommes dans la société.
Aussi, il est pertinent de noter le positionnement politique de Mathilde Panot et Mélanie Vogel : l’opposition entre l’extrême gauche et le gouvernement d’Emmanuel Macron a potentiellement conduit à une invisibilisation volontaire des porteuses du projet de loi.

Nous sommes en 1974, trente ans après la Libération Simone Veil se trouve confrontée à des paroles d’une violence totalement déplacée.

Nous sommes en 2024, la France sert de modèle au reste du monde, la condition des femmes dans la société évolue, mais qu’en est-il de la considération ?

Par Adélie Ranc