Élu avec 50,9% des voix face au président sortant de droite conservatrice, Jair Bolsonaro (49,1%), Lula confirme son grand retour après une période de lutte judiciaire. Retour sur les réactions générées par cette troisième élection dans l’espace digital.
2022 : Lula joue les prolongations
Après deux mandats consécutifs (de 2003 à 2011) et un taux d’opinions favorables estimé à 87%, Luiz Inácio Lula da Silva est accusé de corruption et blanchiment d’argent. Il est condamné à neuf ans et six mois d’emprisonnement en juillet 2017 par le juge Sergio Moro, qui occupera la position de ministre de la Justice après la victoire de Bolsonaro aux élections présidentielles de 2018.
En avril 2021, le Tribunal suprême fédéral annule les condamnations, la partialité du juge Sérgio Moro est établie. En effet, ce dernier s’est entendu avec des enquêteurs afin d’écarter le favori de l’élection présidentielle de 2018. L’opération Lava Jato ou “lavage express” (33.1 millions d’engagements) considérée comme la plus grande enquête anticorruption au monde, est désormais le plus grand scandale judiciaire de l’histoire du pays.
Le 30 octobre 2022, à l’issue d’une campagne agressive nécessitant l’intervention du Tribunal supérieur électoral, Lula est élu président de la république brésilienne à 77 ans.
Une victoire clivante, entre soulagement et hostilités
Après deux jours de silence, le président sortant déclare « autoriser la transition » avec son successeur tout en s’engageant à « respecter la Constitution », sans reconnaître explicitement sa défaite.
Des dizaines de milliers de militants pro-Bolsonaro se mobilisent quant à eux le 2 novembre 2022, pour dénoncer ce résultat qu’ils estiment faussé par le système de vote électronique. Vêtus de maillots verts et or, ils réclament une intervention de l’armée afin d’organiser une nouvelle élection. Le hashtag #IntervençãoFederal (intervention fédérale) génère 4.5K engagements dans l’espace linguistique lusophone.
Figure 1 : Evolution des mentions du hashtag #IntervençãoFederal du 1er au 3 novembre 2022.
La nouvelle retentit au-delà de la sphère politique. Célébrant la victoire de Lula, les brésiliens vont jusqu’à scander dans les rues «Neymar, il va falloir que tu déclares» à destination du joueur du Paris Saint Germain. Soutien public du président sortant, le joueur est soupçonné d’avoir attribué ce soutien en contrepartie d’une fiscalité plus avantageuse.
« Ey, Neymar, vai ter que declarar »
Chants across the streets of Brazil telling Neymar he will now have to pay his proper taxes after the defeat of far-right president Jair Bolsonaro. 🇧🇷 pic.twitter.com/8GjO20FzIu
— Colin Millar (@Millar_Colin) October 31, 2022
Figure 2 : 3.3K engagements
En France, ce résultat déclenche des réactions en cascade, les mentions relatives aux deux rivaux génèrent au total 221K engagements. Les publications centrées sur Lula dominent quant à elles l’espace linguistique francophone.
Figure 3 : Evolution des mentions de Lula et Bolsonaro du 1er août au 2 novembre 2022
Monsieur le Président, où est le drapeau français que vous devriez chérir ? Hors-cadre sans doute, comme les intérêts nationaux qui sont absents de votre esprit depuis longtemps.
Quant au ton désinvolte avec lequel vous parlez au Président Lula, il se passe de commentaire. https://t.co/sX8GMpwrqL
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) November 1, 2022
Figure 4 (MLP) : 11.4K engagements
#Lula a gagné. Le #Brésil populaire et les pauvres deviennent la priorité. Les complots policiers et judiciaires, la prison et le pilonnage médiatique ont échoué.
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) October 30, 2022
Figure 5 (JLM) : 20.2K engagements
Ouf ! Lula l’emporte serré face à l’extrême-droite. La lutte n’est pas finie, au contraire. En espérant que cette victoire électorale redonne confiance pour une profonde mobilisation populaire, nécessaire pour combattre pauvreté et injustices. La démocratie se fera dans la rue.
— Philippe Poutou (@PhilippePoutou) October 30, 2022
Figure 6 (PP) : 5.2K engagements
Democracia. pic.twitter.com/zvnBbnQ3HG
— Lula (@LulaOficial) October 30, 2022
Le principal concerné opte quant à lui pour la simplicité. Un mot, une image et 2.1 millions d’engagements. Ce tweet publié à l’annonce du résultat des suffrages sonne comme une douce revanche.
Par Oumaïma Asri, Consultante junior chez Antidox