France Fraternités accueille plus de 150 réfugiés dans son premier « lab fraternel »

Le 16 janvier 2019, le « Lab Fraternel » de Bray-sur-Seine a été inauguré dans les anciens locaux du tri postal. A la fois centre d’accueil, lieu de rencontres et ateliers de réinsertion, le Laboratoire est une initiative qui cherche à répondre de façon conjointe à plusieurs problèmes, notamment l’engorgement des grandes métropoles en termes d’accueil et la nécessité de revitaliser les territoires ruraux. Expérience unique en France, il a vocation a tirer des enseignements permettant ensuite de lancer d’autres laboratoires.

France Fraternités : lancer des projets générateurs de fraternité sur le territoire de la République

France Fraternités a été créée en 2015 par Pierre Henry et un petit groupe de personnes, dans l’objectif d’inventer de nouvelles façons de défendre la fraternité en France. Xavier Desmaison, président d’Antidox, pilote le comité d’honneur de l’association.

Selon Pierre Henry, « notre objectif a été de contribuer à réarmer de manière concrète toutes celles et ceux qui œuvrent à l’éducation, à la lutte contre les discriminations, à la promotion de la solidarité, à la prévention. Il n’a pas changé. Trois ans ont passé, des dizaines de contenus pédagogiques ont été créés, des partenariats ont été noués. Le site de France fraternités et sa page Facebook comptent près de 70 000 utilisateurs, des milliers au quotidien. »

Pierre Henry a dirigé pendant 24 ans France Terre d’Asile, à l’origine une petite structure de 40 salariés qu’il a transformée en une ONG de 1 100 personnes qui prennent quotidiennement en charge 10 000 exilés. Avec une vision humaniste et pragmatique : « Nous devons accueillir en dignité, et ça ne veut pas pour autant dire être ouvert aux quatre vents. Tout le monde n’a pas vocation à rester ».

Accueil des migrants dans les zones rurales, avec un modèle de services (informatique, rédaction de CV…) pour les réfugiés mais aussi les populations locales

Pour Pierre Henry, « ce territoire rural voit une partie de sa population paupérisée. Nous allons nous adresser à elle en la faisant bénéficier de la création d’une structure d’accueil de réfugiés statutaires mais surtout de ses services. Tout ce qui sera apporté comme aide à la population accueillie sera également accessible à la population hôte (formation, culture, aide à l’emploi …). »

Le projet de ce laboratoire de l’accueil mixte, pensé par l’association France Fraternités et unique en France, est géré par vingt employés pour l’essentiel embauchés localement avec un budget annuel d’1,5 million d’euros. Il offre de nombreux services: cours d’informatique, de français, rédaction de CV, ateliers pour les enfants… « Occuper une vingtaine d’appartements a permis au bailleur de retrouver son équilibre, il va donc rénover la cité en entier, se réjouit Emmanuel Marcadet, le directeur du Laboratoire. On voit bien que tout le monde profite de l’accueil de réfugiés ».

Un tel projet n’est pas exempt de difficultés. Tout n’est pas simple pour les réfugiés accueillis dans des territoires ruraux. “C’est très difficile, pour eux il y a la capitale et la brousse. Ils préfèrent souvent retourner à la rue à Paris plutôt que de rester ici”, souligne Alexandra Lorion, directrice par interim du Laboratoire. L’accueil par les populations témoigne aussi d’une diversité de réactions et prises de position.

Le but du Lab de France Fraternités est d’inventer des dispositifs qui permettent à l’ensemble de la population, et pas seulement les réfugiés, de bénéficier des investissements et de l’infrastructure.

Lutte contre les violences faites aux femmes

L’ONG a notamment ouvert un format d’atelier proposé par Gynécologie sans frontières (GSF), pensé notamment pour apporter une écoute et un accompagnement aux femmes victimes de violences sexuelles dans leur pays d’origine ou sur la route migratoire ou ayant subi, mais ouvert aux personnes vivant dans le village et victimes de violences conjugales.

Durant la période de confinement, le centre a accueilli plusieurs femmes ayant subi des violences conjugales.

***

Antidox soutient France Fraternités, une association qui recouvre plusieurs des engagements inclus dans sa charte éthique : le travail pour le développement d’un espace public numérique apaisé, ouvert au débat et moins perméable aux « fake news » et à la haine ; l’accompagnement d’initiative sociale innovantes sur les territoires.