Zealandia : le continent qui refait surface sur la toile mondiale

Zealandia, le continent englouti qui a longtemps gardé ses secrets, se révèle enfin grâce aux avancées technologiques et aux efforts de cartographie des scientifiques, émergeant tel un trésor caché au cœur de l’océan Pacifique.

Il y a environ 85 millions d’années, Zealandia a pris forme au sein du supercontinent Gondwana, et à mesure que la Terre subissait des changements tectoniques et que les continents se séparaient, Zealandia s’est progressivement éloigné de ce que nous reconnaissons aujourd’hui comme les régions australienne et néo-zélandaise. Ce « huitième continent » couvre une superficie de 4,9 millions de kilomètres carrés, ce qui équivaut à la moitié du continent européen, en grande partie submergée.

En 2017, la nouvelle de la découverte de l’existence potentielle d’un nouveau continent sur Terre a marqué les esprits et les sphères scientifiques, devenant pour certains une information révolutionnaire qui pourrait changer notre vision de la planète. En réalité, la découverte de ce nouveau continent est le fruit de deux décennies de travail acharné, combinant la collecte de données bathymétriques et géophysiques avec des prélèvements marins dans une région océanique négligée. C’est à tel point que sa cartographie est moins détaillée que celle de Vénus ou Mars…

Pourtant, cette découverte n’a pas suscité l’enthousiasme sur la toile. Parue le 9 février 2017 dans la revue de l’Association américaine de géologie, on ne recensait à cette période qu’une poignée de discussions pertinentes à l’échelle nationale, relayées comme des brèves par les médias généralistes sur le web et les réseaux sociaux. Les discussions autour de ce nouveau continent restaient également très peu marquées et marquantes : on note notamment des reprises par des comptes de particuliers, relayant des articles de manière purement informative, sans donner spécifiquement leur avis sur le sujet.

A cet instant, et malgré son importance, il semblerait que cette découverte ne fasse pas l’unanimité auprès du grand public; faute encore de preuves tangibles de son existence (les critères de définition d’un continent varient selon les spécialistes). L’engouement est encore trop timide et n’occupe pas assez d’espace dans le paysage digital.

Ainsi, une période de six années de recherche intensive et d’analyses approfondies menées par des scientifiques internationaux a été nécessaire pour aboutir à une cartographie exhaustive de ce continent sous-marin : cartographie publiée dans la revue « Tectonics » de l’American Geophysical Union.

Pour y parvenir, les chercheurs ont exploité des données sismiques de la zone environnant la Nouvelle-Zélande, et ont effectué des forages en haute mer pour recueillir des échantillons de roches sous-marines. Échantillons ensuite soumis à des analyses détaillées depuis 2017.

Lorsque l’étude a été publiée fin septembre, les médias et les plateformes digitales ont largement repris l’information, suscitant un engouement bien plus important que six ans auparavant. Dans les jours qui ont suivi la publication, on a observé une augmentation significative de l’impact médiatique de Zealandia. Les médias et les experts ont diffusé cette information, offrant une visibilité considérable et générant un nombre important d’engagements.

De plus, en comparant les retombées nationales avec les retombées mondiales, on observe une disparité significative dans le nombre d’impacts médiatiques (194 vs 16 000), ainsi que dans leur répartition. En effet, les médias français ont principalement relayé cette découverte à partir du 2 octobre, alors que l’étude avait été publiée en anglais plus de trois jours plus tôt.

Discussions sur le sujet Zealandia en France sur les 30 derniers jours
194 résultats & 976 engagements

Discussions sur le sujet Zealandia dans le monde sur les 30 derniers jours
+ de 16 000 résultats & 235 000 résultats

Cette différence notable semble refléter un intérêt relativement restreint de la communauté française pour les sujets géographiques et géologiques. Un phénomène d’autant plus surprenant étant donné que la Nouvelle-Calédonie est un territoire français situé au cœur de cet archipel.

En outre, la cartographie de Zealandia a ouvert la voie à de nouvelles perspectives de recherche et de découvertes. Les géologues continuent d’explorer cette région complexe pour en apprendre davantage sur son histoire et ses implications pour la géologie planétaire. Il n’y a aucun doute que nous en entendrons parler à l’avenir, et qui sait, peut-être assisterons-nous à l’émergence de nouveaux continents disparus (Icelandia) ?

Par Benjamin Guerin