« Comment les réseaux sociaux réagissent à la COP26 ? » par Julien Malbreil

La COP26 se déroule jusqu’au 12 novembre à Glasgow. Elle se tient dans un contexte marqué par une l’urgence climatique soulignée par les projections très sombres du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) comme du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). Des rapports cohérents avec les catastrophes climatiques déjà tangibles sur de vastes parties de la planète.

Les objectifs de neutralité carbone se multiplient

Devant un tel tableau, la plupart des dirigeants de la planète semblent déterminés à agir et dévoilent de nouveaux objectifs de neutralité carbone grâce à des objectifs d’émissions de gaz à effet de serre (GES) revus à la baisse. Hélas des déclarations aux actes, des engagements à l’action concrète, les défenseurs de la planète pointent un fossé qui ne cesse de se creuser. Les bilans des précédentes COP, et singulièrement celle de Paris en 2015, apparaissent mitigés : en 2019 les émissions de GES ont atteint un niveau historique de 59 milliards de tonnes équivalent CO2, soit une augmentation de 5 % par rapport à 2015. Quant à la concentration de CO2 dans l’atmosphère, elle atteint en 2020 un chiffre là aussi record avec 410 parties par million (ppm). Pour changer le cours des choses, la pression des opinions publiques apparait indispensable. Elle passe aujourd’hui aussi par les réseaux sociaux.

La COP26 très présente sur les réseaux

Si les médias relaient les pourparlers en cours à Glasgow, et assurent d’ores et déjà une grande visibilité à la COP26, qu’en est-il des réseaux sociaux ? Ont-ils une autre façon d’appréhender cet événement et sont-ils pris en considération par les chefs d’Etats et de gouvernements ? Premier constat, sans surprise : oui les réseaux sociaux se font l’écho des négociations de Glasgow. Ce petit graphique nous en fourni une illustration :

Résultats sur les 7 derniers jours sur le mot clé « COP26 » (en France, en français, toutes plateformes confondues)

  • 97,7k résultats
  • 428,3k engagements

Bien qu’en dents de scie, les résultats témoignent que les utilisateurs des plateformes sont alertés sur les enjeux climatiques et l’actualité politique correspondante. Une compréhension plus fine des échanges en cours sur les réseaux est fournie par le nuage de mots :

S’il correspond tout à fait à la thématique de la COP26, le vocabulaire employé fait état d’un sentiment majoritairement négatif (15,6% contre 9,4% de positif). Un résultat encore plus marqué sur Twitter avec 16,4% de mots négatifs. Là non plus, rien d’étonnant à ce constat : le réchauffement climatique est anxiogène, et la réponse de la communauté internationale est considérée comme trop lente, mal adaptée, voire inexistante. En somme, beaucoup d’internautes ne font guère confiance aux responsables politiques pour prendre les mesures énergiques qui à leurs yeux s’imposeraient. Et, comme nous l’avons indiqué, l’absence de résultats tangibles des précédents sommets ne plaide pas en faveur des négociateurs actuellement présents à Glasgow.

Quelques exemples de tweets illustrent le manque de volonté, voire le cynisme, qui est prêté à nos gouvernants :

A lire les internautes, l’ancien monde perdure pour nos dirigeants qui ne changent pas leurs habitudes ni leur façon de penser face à la menace en cours. En réponse, les principaux leaders politiques s’expriment sur les plateformes, avec des messages souvent adaptés au public visé, dans lesquels ils partagent leur foi dans les avancées qui pourront être réalisées.

Participer à la COP26 et réagir grâce aux réseaux

Fréquenter les réseaux, c’est aussi l’occasion de vivre la COP26 au plus près, presque en direct avec les différentes délégations. Ainsi des ONG, des citoyens engagés tiennent de véritables journaux de bord de la conférence. Mieux encore, Facebook, Twitter, Instagram, YouTube ou encore Flickr permettent une participation virtuelle à la Conférence. De quoi se tenir informé, pour réagir ensuite à chaud sur son réseau social préféré. Ceux-ci constituent donc une formidable caisse de résonnance aux négociations en cours. Notons toutefois 2 limites dans cet exercice : l’idéalisme d’une population jeune ne manque pas de générer des commentaires particulièrement négatifs, voire hostiles, face au réalisme, ou selon son point de vue au manque d’ambition, de responsables politiques qui doivent se frotter aux contraintes du monde réel. Ensuite plusieurs points importants restent très techniques, à l’image de la refonte du marché du carbone. Difficile en quelques mots de rendre compte de décisions complexes qui méritent une contextualisation et des explications poussées. Il ne reste plus qu’à espérer que des décisions courageuses seront effectivement prises à Glasgow, et que les réseaux sociaux sauront aussi se faire les relais d’une expression plus positive et motivante. Car la lutte contre le changement climatique est également l’affaire de chaque citoyen.

Par Julien Malbreil, Partner chez Antidox